La lutte féministe, les droits LGBTQ+, la protection du vivant… Ces mouvements militants qui appellent un changement sociétal se heurtent parfois à un obstacle inattendu : la quête de perfection. La pureté militante, c’est l’injonction à avoir un comportement irréprochable dans certains milieux activistes. Loin de mobiliser les foules, ce phénomène a plutôt tendance à freiner les avancées qu’il prétend défendre. Qu’est-ce que la pureté militante, pourquoi c’est un problème, et comment changer d’approche ? C’est ce que tu vas découvrir dans cet article.

La pureté militante, c’est quoi ?

Cette situation va sans doute te parler : une personne s’engage avec enthousiasme dans une cause qui lui tient à cœur, mais se retrouve rapidement confrontée à des critiques acerbes de la part d’autres militant·es. Sa faute ? Ne pas être « assez ».

Cette course à la perfection peut prendre diverses formes :

  • Un·e militant·e écologiste qui n’est « que » végétarien·ne se voit reprocher de ne pas être vegan.
  • Une féministe en couple avec un homme est accusée de compromission avec le patriarcat.
  • Une femme lesbienne qui a occasionnellement des relations avec des hommes voit sa légitimité remise en question…

Ces jugements constants, amplifiés par les réseaux sociaux, créent une atmosphère toxique où chaque action, chaque choix personnel est scruté et potentiellement condamné. Le cyberharcèlement, l’exclusion sociale, la décrédibilisation publique deviennent des armes brandies au nom de la pureté militante.

Une militante pour le climat tient une pancarte sur laquelle il est écrit "Make Climate Great Again".

Quand la recherche de perfection paralyse l’action

Cette recherche de pureté absolue est contreproductive. Car en décourageant ceux qui en sont victimes, elle finit par saboter les causes qu’elle entend servir. Et ce mécanisme sévit bien au-delà de la sphère militante.

Combien de personnalités publiques préfèrent agir dans l’ombre plutôt que de s’exprimer publiquement sur des causes importantes ? La raison est simple : elles savent qu’elles seront critiquées pour la moindre incohérence dans leur mode de vie. Les sportifs de haut niveau, ou les artistes qui s’engagent pour l’écologie, tout en prenant l’avion pour leurs compétitions ou leurs tournées en sont un parfait exemple. 

Ou encore, les bénévoles qui s’engagent auprès d’associations de lutte contre le réchauffement climatique, mais qui conservent leur emploi dans une entreprise écocide… Sans cesse mis face à leurs contradictions, certains finissent par quitter le milieu associatif, jugeant plus simple de se retirer que de changer de métier.

Résultat ? Des voix influentes qui se taisent, des énergies militantes qui s’épuisent, et finalement, un ralentissement des changements sociétaux que nous appelons pourtant tous de nos vœux.

Et si on célébrait les petits pas plutôt que d’exiger la perfection ?

Plutôt que de rechercher la perfection individuelle, concentrons-nous sur l’impact collectif. Un milliard de personnes faisant des efforts imparfaits aura toujours plus d’impact qu’une poignée de militant·es irréprochables.

Et si on célébrait les petits pas plutôt que d’exiger la perfection ? Cette approche bienveillante pourrait encourager bien plus de personnes à agir, accélérant ainsi la transition. 

Il ne s’agit pas non plus d’accepter le greenwashing ou le militantisme de façade – ces pratiques qui consistent à afficher un soutien superficiel à une cause sans action concrète. L’idée est plutôt de reconnaître que nous sommes des êtres humains, avec nos contradictions et nos limites, évoluant dans des sociétés complexes.

Chacun·e devrait pouvoir s’engager à la hauteur de ses moyens et de ses capacités du moment. C’est en acceptant cette réalité, en composant avec elle plutôt qu’en la niant, que nous pourrons collectivement avancer vers un changement durable et inclusif.

Chez Ecologica, nous prônons un militantisme bienveillant et pragmatique, plutôt que la pureté militante.

Cette vision d’un militantisme bienveillant et pragmatique, c’est celle que nous portons chez Ecologica, l’école lyonnaise de la transition résiliente, désirable et solidaire. Dans nos formations post-bac et mastère dédiées aux métiers de la transition écologique, nous encourageons nos étudiant·es à s’engager auprès de nos partenaires associatifs et acteurs de l’économie sociale et solidaire, tout en respectant leurs convictions et leurs capacités individuelles. Pas de course à la pureté militante ni de militantisme de façade chez nous : juste une volonté sincère de construire, ensemble, un futur plus désirable et plus juste pour toutes et tous.