L’urgence climatique est de plus en plus perceptible, il est légitime de se questionner sur la manière la plus efficace de réduire son impact environnemental individuel.

Si les actions individuelles sont insuffisantes pour solutionner les crises de nature systémique, elles ont tout de même un impact positif non-négligeable lorsqu’elles sont mises bout à bout. Elles donnent également la sensation symbolique de faire sa part, d’être utile et proactif, et de participer à son échelle à un mouvement qui dépasse sa propre individualité. Vous avez ainsi la possibilité de calculer votre emprunte carbone individuelle : celui de l’ADEME est particulièrement exhaustif.

En bref, il est possible et souhaitable d’agir au quotidien, et nous allons vous donner quelques pistes à explorer.

Réduire son impact environnemental en se déplaçant de manière soutenable

 

Les transports sont un des secteurs les plus polluants : en France, ils représentent 30% des émissions de GES en 2021.

La voiture individuelle représente ainsi 60,6% des émissions européennes de GES du secteur du transport routier qui lui-même pèse pour un cinquième des émissions totales de l’UE, selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement. L’avion, quant à lui, fait rapidement exploser l’emprunte carbone individuelle, bien au-delà des 2 tonnes d’émissions par an recommandées pour respecter la limite des +2°C. Un aller-retour entre New-York et Paris représente déjà entre 1 à 3 tonnes d’émissions. Ainsi, le secteur aérien, qui est malheureusement en pleine expansion, doit absolument être régulé pour une question de justice sociale et environnementale.

Ainsi, à votre échelle et si vous en avez la possibilité, ne plus se servir de sa voiture individuelle et de l’avion est la solution la plus efficace pour préserver l’environnement. Pour réduire drastiquement son emprunte environnementale, privilégiez les mobilités douces (marche, vélo) et les transports collectifs (train, métro ou bus) aux transports individuels ou excessivement polluants.

Pour respecter les objectifs climat, il s’agit également de se déplacer moins loin : la France et l’Europe regorgent d’endroits merveilleux qui égaleraient d’autres destinations de vacances à l’autre bout du monde à plus d’un titre.

A l’échelle des décideurs politiques, subventionner massivement les transports en commun, piétoniser les villes et taxer les transports polluants (à l’image de l’avion, dont le carburant compose une niche fiscale) permettraient une baisse drastique des émissions de GES. L’Allemagne incarne un exemple en ce domaine : à l’été 2020, les transports en commun furent accessible grâce à un abonnement à 9€ par mois, permettant l’économie de 1,8 millions de tonnes d’émissions de GES.

Réduire son impact environnemental en végétalisant son alimentation

 

La consommation de viandes et de poissons constitue également une part importante des émissions de GES : en 2013, un rapport de la FAO indiquait déjà 14,5% à l’échelle mondiale. En plus de générer une part importante des gaz à effet de serre, l’élevage en particulier est gourmand en ressources naturelles et pollue son milieu, participant activement à des logiques de déstabilisation des grands équilibres environnementaux.

Elle est également responsable de 60% de la déforestation de la forêt amazonienne selon Greenpeace, par la mise en place de monocultures qui servent à nourrir les animaux. Ces mêmes monocultures et les élevages eux-mêmes provoquent une pollution importante des sols et des airs, participant à l’acidification des océans, à la désertification des sols et à la destruction des écosystèmes. La quantité d’eau nécessaire à l’irrigation des monocultures et à l’hydratation des animaux d’élevage est écrasante, alors même que ces ressources sont limitées et déjà en tension dans une partie croissante du monde. En outre, les surfaces nécessaires aux cultures fourragères et à l’élevage sont autant de surfaces cultivables en moins pour produire des végétaux qui pourraient former la base de notre alimentation.

Face à ces constats, réduisez ou supprimez les produits animaux de votre alimentation, en particulier la viande de bœuf qui est de loin la plus polluante, pour adopter une alimentation plus végétale et locale !

Réduire son impact environnemental en isolant son logement

L’isolation thermique des logements compose un enjeu majeur dont l’importance se fait croissante, tant en hiver, où elle permet la limitation des pertes thermiques qui sont autant d’émissions inutiles de GES, qu’en été, où elle empêche la chaleur d’entrer, ce qui s’avérera essentiel au vu de l’intensification et la multiplication des canicules. En plus de préserver l’environnement, l’isolation thermique permet un allégement significatif des factures de chauffage et climatisation sur le long-terme ; vous sautez le pas ?

Ainsi, il est possible d’abord de faire diagnostiquer son logement grâce à l’aide du diagnostic de performance énergétique (DPE) qui donne droit à un crédit d’impôt, pour déterminer les zones à isoler prioritairement. Rendez-vous ici pour en savoir plus et choisir un professionnel certifié.

Ensuite, vous pouvez isoler partiellement ou intégralement votre logement ; dans chaque cas, vous avez accès à des aides plus ou moins importantes (MaPrimeRenov’, dispositif CEE, MaPrimeRenov’ Sérénité, l’éco-prêt à taux zéro…). Si vous souhaitez aller au bout de la démarche écologiste, privilégiez des matériaux isolants respectueux de l’environnement, à l’image de l’ouate de cellulose et du chanvre.

Evidemment, ces rénovations thermiques ne sont pas financièrement accessibles à tout le monde, d’où les tensions se crispant autour du chantier de rénovation des fameuses « passoires thermiques », le plus souvent habitées par les populations les plus pauvres. C’est dans cet objectif que s’est créé le collectif Dernière rénovation, qui porte la mesure concrète et réalisable de rénover le parc immobilier français d’ici 2040, et élaborer un système de prise en charge progressive de ces travaux.

Réduire son impact environnemental en diminuant sa consommation et en privilégiant la réparation

Pour vivre en harmonie avec notre milieu, il apparait nécessaire et évident de reprioriser nos besoins ; à cette fin, il s’agit de prélever minimalement nos ressources et recycler continuellement nos biens dans le cadre d’une économie circulaire.

Eviter de consommer des biens inutiles, garder ses propres biens le plus longtemps possible grâce à des réparations, et se tourner vers le marché de la seconde main et du reconditionné (pour les appareils électroniques par exemple) quand le besoin est incontournable et l’emprunt impossible sont ainsi autant de comportements qui doivent être normalisés et mis en place rapidement. En bref, adoptez un mode de vie sobre, et votre porte-monnaie et la planète vous en remercieront !

Adapter sa consommation à sa localisation

Pour réduire son impact environnemental, il est essentiel de se reconnecter à son milieu. Dans une économie mondialisée où il est possible d’acheter des produits issus des quatre coins du globe, et où les coûts environnementaux des transports ne sont pas inclus dans les prix, il n’apparait pas évident de faire le choix de la localité. Pour autant, en fonction de son lieu de vie, ce qui est consommé aura un impact environnemental plus ou moins important.

A titre d’exemple, le chauffage électrique en Allemagne, où l’énergie provient principalement des centrales à charbon, sera bien plus nocif pour le climat qu’en Islande, où la géothermie est prioritairement utilisée.

Il en va de même pour l’alimentation, un point sur lequel vous aurez davantage de prise : si vous en avez les moyens, consommez des aliments de saison, et localement produits. Pour cela, le réseau des AMAP notamment offre la possibilité de soutenir l’agriculture paysanne et biologique locale face à la concurrence déloyale de l’agro-industrie.

Avoir une meilleure connaissance des productions locales, et les soutenir quand vous en avez la possibilité et le besoin, favorise ainsi une limitation de votre emprunte carbone.

Quid de l’ombre climatique ?

Au-delà de ces impacts directs, une grande part de nos émissions se cachent dans notre « ombre climatique » qui désigne la part non-quantifiable de nos émissions, notamment par notre participation indirecte au financement des dynamiques destructrices de notre environnement.

Pour diminuer celle-ci, il s’agirait de faire des choix de vie structurels, comme :

  • Changer de banque pour ne plus financer des projets mortifères et destructeurs (le Crédit coopératif, la Nef ou bien La Banque postale composent des alternatives plus éthiques)
  • Changer de métier s’il participe à des logiques de surconsommation pour privilégier un emploi à impact positif, ou bien sensibiliser et accompagner son entreprise à la transition
  • Changer de vote s’il n’est pas aligné avec une gestion adaptée de la crise environnementale.

Pourquoi tout ceci est critiquable ?

S’il est souhaitable de réduire son emprunte carbone, l’individu ne porte pas tout le poids du changement qui doit être opéré, particulièrement quand l’on considère les responsabilités inégales des uns et des autres.

En effet, selon une étude publiée en 2021 par Oxfam, « l’empreinte carbone des 1 % les plus riches du monde sera 30 fois supérieure à celle compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C d’ici 2030 », quand celle de la moitié de la population le plus pauvre reste bien au-deçà du même seuil. Ainsi, la question environnementale est intimement liée à la question de la justice sociale.

De plus, il est nécessaire d’impulser un changement de système politique, économique et social, qui n’est plus fondé sur la recherche de la croissance continuelle : il s’agit désormais de rendre nos sociétés résilientes aux chocs et aux crises que le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité causent et vont causer.

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